LONG JOHN SILVER : Tirage de tête
 

En 2011, Bruno Graff et les librairies Album co-éditèrent en tirage de tête un album réunissant les tomes 1 et 2 de Long John Silver, la série de Lauffray et Dorison publiée chez  Dargaud. La série a rencontré un certain succès assez prévisible. Ce tirage de tête fut suivi d'un second, réunissant les tomes 3 et 4. Si ce dernier ce trouve encore assez facilement, les 420 exemplaires du premier se font rares. Grand format, couverture sérigraphiée, ex-libris signé de bel aspect, esquisses et commentaires, plus l'intégralité des planches dans leur noir et blanc d'avant la mise en couleurs...

Même en ces temps où les tirages de tête n'excitent plus les foules comme avant, les attraits de cette pièce sont assez puissants pour titiller l'amateur de beaux livres et de dessin.

Nous en avons depuis hier un exemplaire à la vente rue Serpente. 220 euros (le prix initial était de 149 € : la demande et la rareté justifient évidemment que nous cotions cette pièce.Il y a peut-être un pirate de votre entourage dont elle ferait avec bonheur le Noël. 

 
1er NOVEMBRE 2013 : HORAIRES RESTREINTS
 

En ce premier novembre 2013, jour férié, nous nous permettons d'ouvrir nos librairies un peu moins que de coutume.

Ainsi nous ouvrirons nos portes à midi pour les fermer à 19h rue Dante et à 21h rue Serpente. Qu'on se le dise.

Cordial salut.Le visuel est extrait de Nicholas Grisefoth : La Nef de pierre de Lukkarinen et Ruusuvuori, éditions Mosquito, 18€, disponible chez nous.

 
APRÈS LA DÉDICACE DE VILLE RANTA
 
deux Ville Ranta à la fois !

deux Ville Ranta à la fois !

Lors des deux heures de dédicaces hier soir nous avons vu un auteur qui ne s'est pas ennuyé, mais qui à tout de même pu souffler de temps en temps, et des clients forts courtois apparemment très satisfaits de leur dessin, réalisé directement à l'encre comme presque toute l'œuvre de Ville, d'ailleurs. Il m'a dit en effet n'avoir recours aux crayonnés que pour quelques scènes avec des bâtiments et perspective.

Merci à tous les participants.Les livres Sept saisons et L'exilé du Kalevala resteront à la vente chez nous même passée cette séance.À Aaapoum nous écoutons souvent la radio FIP. C'est plutôt agréable, cependant les programmateurs y ont une habitude un peu agaçante, celle d'enchaîner plusieurs reprises de la même chanson ; et bien aujourd'hui je vais faire un peu pareil puisque je vous signale que ce soir Ville Ranta fera une conférence dessinée juste à côté de chez nous à l'Institut Finlandais, 60 rue des écoles, Paris 5e.

Ville Ranta dédicace

Ville Ranta dédicace

Elle débutera à 19h. Ville y apportera son matériel, aquarelles comprises, et dessinera en direct, travail filmé et projeté derrière lui sur un véritable écran, tandis que je lui poserai quelques questions sur son travail.  

Après la performance, Ville dédicacera également ses livres.La page fessebouc de l'événement : https://www.facebook.com/events/552004518206700/

 
DANTE FERMERA AUJOURD'HUI À 17h30 !
 

J'aurais aujourd'hui le plaisir de travailler rue Dante, en remplacement d'Anton qui a pris quelques jours de vacances. En revanche je serai amené à y faire passer en caisse les derniers clients vers 17h20 afin de pouvoir me rendre dans l'autre librairie (oui, celle de la rue Serpente) pour la dédicace de Ville Ranta sur Sept saisons.

J'ai d'ailleurs relu ce roman graphique hier sans m'ennuyer une seconde. Normalement cet ouvrage est disponible dans toutes les librairies aujourd'hui. Oui, nous nous l'avions déjà depuis quelques jours à des fins de promotion de la venue de Ville Ranta à Paris. C'est une œuvre riche qui, en sus du public acquis, pourra séduire plus d'un non-amateur de bandes dessinées, à condition toutefois qu'il ne soit pas trop prude, car les plaisirs de la chair y ont une place d'importance.

Pour ceux qui ont la chance de ne pas travailler tout l'après-midi et qui ont quelques sous à dépenser, voilà le programme que je propose  : venir rue Dante fouiller les rayons très chargés (et très bien chargés)  tout en écoutant du jazz (quand je suis là la cold wave et le rockabilly reculent) ; y découvrir de nombreuses merveilles, quelques bonnes affaires (mais que fait donc encore cette intégrale des 4 tomes presque neufs de La Licorne à 32 € sur cette étagère ?) ; vers 17h20 passer en caisse joyeux, puis accompagner le vendeur en cortège scintillant et babillant jusqu'au 14 de la rue Serpente afin d'y consommer charcuteries, pommes de terre coupées très fins et frites, jus, bières et vins et y rencontrer un auteur important de la scène européenne.

Acheter son ou ses albums, se le (se les) faire dédicacer et repartir chez soi les lire, bienheureux, au moins pour quelques heures.

 
VILLE RANTA : "L'EXILÉ DU KALEVALA" ET "SEPT SAISONS"
 

1840 année érotique ?

Il y a quelques années un ouvrage du Finlandais Ville Ranta s’était un peu fait remarquer dans le paysage de la BD en France : L’exilé du Kalevala. Le mot « Kalevala » soigneusement glissé dans la version française du titre avait peut-être aidé au moment où sortait une nouvelle traduction du fameux recueil de poésies populaires finnoises à résonances mythologiques. Si Elias Lönnrot, le poète compilateur qui publia le Kalevala dans les années 1830, est bien le protagoniste principal du livre, il ne faut pas oublier que le titre original de la bande dessinée est Kajaani. Kajaani est la bourgade à l’intérieur des terres de ce qui n’était pas encore la Finlande où se déroule une grande partie de l’action. Ainsi le livre ne tourne pas autour d’un seul être, mais s’attache à tout son entourage. Un entourage parfois pesant. Dans l’œuvre de Ville Ranta les lieux sont importants : agglomérations, forêts, plaines, rivières, bords de mer. Êtres et lieux sont liés, même si certains cherchent à se défaire de ces liens. Telle personne cherche à partir de chez elle tandis que telle autre finit par y revenir.

Sept saisons, le nouveau livre de Ville Ranta se déroule en 1840, quelques années après,  à Oulu,  à 200 kilomètres de Kajaani, face à la mer et au golfe de Botnie, de l’autre côté duquel on trouve la Suède. Oulu est aussi la ville où réside l'auteur. Le récit tourne autour de deux personnages. Le premier, Hans Nyman est un jeune veuf, avec deux filles à élever, un poste d'enseignant, un hobby de journaliste et une velléité à devenir pasteur.  Son principal souci est que la mort de sa femme l’a laissé dans un état de solitude où ses pulsions sexuelles l’envahissent. La servante de la famille, Anna, est pourtant toute dévouée à le soutenir. Cependant si cela venait à se savoir, il perdrait toute chance de devenir pasteur.Le second personnage autour duquel tourne ce récit est la belle Maria Piponius, jeune femme encore sans mari, contrairement à sa sœur Kaarina, qu’elle a accompagné dans un voyage autour du monde pendant 3 ans. Elle ne semble pas vouloir époux et dit vouloir «vivre pour Dieu et travailler pour lui». Elle est en effet devenue piétiste. Pourtant son attitude avec Hans, assez aguicheuse, ne correspond pas à la réserve prude que l’on pourrait attendre.

Si à l’époque de L’exilé du Kalevala, le dessin de Ranta, sans doute encore sous influence décontractée de Joann Sfar, manquait parfois de clarté, il faut reconnaître que tous ses efforts de non-compromis avec la séduction immédiate du public ont fini par porter et que son dessin qui ne cherchait jamais la facilité des plans a fini par acquérir une sorte de lisibilité naturelle. Il faut dire que l’emploi de la couleur aide beaucoup. Auparavant Ranta cherchait à rendre les nuances de la neige, du clair-obscur des intérieurs faiblement éclairés, de la pénombre nocturne des sous-bois au clair de lune, par utilisation du seul noir et blanc, sans le recours à la moindre teinte intermédiaire. Forcément ce n’est pas évident. Mais j’ai coutume de penser que quand tu as bien essayé de creuser un tunnel avec une petite cuillère, tu deviens un formidable manipulateur de pelle lorsque tu finis par en trouver une. Ainsi Sept saisons se lit avec une grande aisance et un grand plaisir.

Le lecteur de L’exilé retrouvera  dans le nouvel opus la qualité des dialogues auquel il est habitué. Les propos les plus tenus sont ici réfléchis ; jamais gratuits malgré leur apparence anodine.  Les personnages ont l’air réels. Leurs motivations sont parfois obscures mais leurs réactions semblent  parfaitement naturelles. Cette attention portée aux petits détails de l’expression des corps et des personnalités confère à l’œuvre de Ranta une dimension proprement romanesque et littéraire.

Pour conclure en une énumération on pourrait aussi rappeler qu’il y a beaucoup d’humour dans ce dessin, beaucoup de chaleur dans ces scènes de sexe, beaucoup de talent de direction d’acteur dans les expressions de ces personnages et beaucoup de poésie dans cette façon d’aborder les paysages comme un baume pour les tourments de l’esprit.

Ville Ranta sera donc en dédicace chez nous le mardi 15 octobre 2013, à partir de 18h. les deux livres sont en vente chez nous depuis avant-hier.

L’exilé du Kalevala , 288 p. n&b, 22,40 € code EAN : 9782916207407 première édition en Finlande : 2008. Première édition en France : 2010.

Sept saisons, 268 p. couleurs, 23 € code EAN : 9782916207896 Première édition en Finlande et en France : 2013 !Les deux ouvrages sont édités par Çà & là et traduits par Kirsi Kinnunen et sont disponibles à la vente à distance sur la partie boutique de notre site.

 
DÉDICACE FRANCIS EST MALADE
 
1185792_10151542378557820_1036501465_n.jpg

Francis se promène dans la campagne.Soudain, il se retrouve le samedi 28 Septembre à Aaapoum Bapoum (rue Serpente) en compagnie de ses deux auteurs en pleine dédicace.La foule se presse en masse.Les libraires sont débordés, c'est la folie!Lucien rappelle aimablement qu'il faut acheter un tome de Francis à la boutique pour ensuite obtenir une dédicace.Francis en profite pour coucher avec la femme de son meilleur ami Lucien. (VLAN)

 
TARZAN ET SPIDER-MAN DANS LA POCHE !
 

Russ Manning, Gil Kane et John Romita se sont retrouvés dans Télé-Poche de 1975 à 1980… Vous pouvez vous procurer désormais ces épisodes inédits et vierges de toute censure dans la boutique de la rue Dante.

Spider-man et Tarzan ont plusieurs choses en commun. Ils sont américains et sont deux icônes de la bande dessinée mais au-delà de ça, ils ont tous deux affronté la même menace, la même organisation malfaisante qui a sévi jusqu’au milieu des années 1990 à savoir, la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence.

Nous ne vous raconterons pas comment cet organe à sévi pendant plus de quarante ans, ni par quelle magie il est parvenu à se maintenir jusqu’à aujourd’hui, alors que ses avis ne sont plus pris en compte. Il faut juste avoir à l’esprit que la Commission censura des milliers d’ouvrages et tout particulièrement les contenus érotiques, homosexuels et la bande dessinée dans son ensemble sous des prétextes ubuesques (couleurs trop violentes, histoires démoralisantes, incitation à la débauche, etc.). Précisons que cette commission comptait parmi ses membres les plus virulents des associations catholiques ainsi que les « Francas », une excroissance du parti communiste dirigée par un certain Raoul Dubois.

L’homme araignée et le seigneur de la jungle parvinrent donc à unir deux extrêmes dans un même combat contre l’impérialisme et la luxure. Les éditions Del Duca et Lug furent littéralement harcelé d’injonctions, d’avis et d’intimidations en tous genres pour avoir osé laisser le loup rentrer dans la bergerie et dans leurs publications. Mais au début des années 1970 la commission subit plusieurs revers et commença à émouvoir défavorablement l’opinion publique. Petit à petit le garde des sceaux ne suivit plus systématiquement ses rapports. Les temps changeaient et tout le monde ou presque en avait conscience.

Une infime parcelle de ces bouleversements se manifesta en 1975 dans le contenu d’un petit programme de télévision quand celui-ci invita la bande dessinée dans ses pages. Télé-Poche détaillait de façon exhaustive la grille des trois chaines et agrémentait son contenu avec des romans-photos, des jeux et des reportages sur les stars du petit et du grand écran. L’hebdomadaire voulait faire de son contenu quelque chose qui puisse passer de mains en mains au sein de la famille tout en ayant conscience que les enfants avaient un pouvoir de décision certain dans le choix du programme télé.

Lucky Luke et Tarzan furent les premières stars à figurer au sommaire de Télé-Poche, suivies par Spider-man et quelques séries éphémères dont le magnifique Starhawks de Gil Kane. L’hebdomadaire anticipa de deux ans la première diffusion de la série animée consacrée aux exploits du héros de Stan Lee. Bien avant Télé Junior et au grand damne des éditions Lug…

Le matériel imprimé par Télé-Poche correspond aux épisodes publiés chez Panini en 2008 sous le titre « Spider-Man (The complete Spider-Man strips) » avec en prime une qualité de traduction et d’impression sans commune mesure avec la réédition. Le programme télé ne censura, ni ne retoucha les cases de Tarzan ou de l’Araignée et n’eût pas à subir la moindre ordonnance. En publiant côte à côte les deux cibles privilégiées des censeurs, Télé-Poche signifiait un peu plus la vacuité de la Commission de surveillance et de sa mission sacrée.

De leur côté les éditeurs historiques des deux héros, échaudés par toutes les tracasseries de la Commission, continuèrent à s’autocensurer et à prendre pour argent comptant les avis rendus par l’organisme sans prendre conscience que ce dernier avait perdu énormément de crédit.

Camille P.

 
RETOUR DE VACANCES
 

J'ouvre les grilles, j'allume la lumière et je mets Fip.

Qu'est-ce qui a changé ici en trois semaines ?

Tiens, ils ont repeint la pièce du fond.

C'est plus blanc. Mais pour qu'on s'en rende bien compte il eût aussi fallu remplacer les six ampoules qui sont mortes. Je vois que S; a davantage isolé la nouvelle réserve mangas par des panneaux blancs nickels. Trop nickels, mais ça ne durera pas.

BELIEVER

BELIEVER

Près de la caisse, quelques nouveautés, au sens de "des BD nouvelles et neuves".

Formidable : les éditions Inculte ont visiblement réussi à payer leur imprimeur slovène et le BELIEVER n°4 a été libéré !

Au sommaire Chris Ware, David Simon, le cinéma d'Hitler et plein d'autres réjouissances.

francis est malade

francis est malade

Toujours 15€ (EAN : 9791091887045).Les éditions Cornélius ont pondu un nouveau Francis (Francis est malade, 8,50€, EAN : 9782360810659) et la Vie de Mizuki T.2 (34,50 € EAN : 9782360810550). Stéphane me dit qu'on aura d'ailleurs les auteurs de Francis en dédicace, mais il ne sait pas exactement quand.

Les camarades ont semble-t-il bien travaillés, la société n'est pas à la ruine et l'automne s'annonce riche avec la très probable ouverture de nouveaux espaces de vente pour notre clientèle. Je devrais en dire plus dans pas longtemps. "Avec ma gueule de métèque" se met à chanter Moustaki, tandis qu'une cliente feuillette avec curiosité les Intermezzo de Tori Miki, je vais aller me chercher un café.

Vie de Mizuki tome 2

Vie de Mizuki tome 2

 
FLUX MIGRATOIRES DES EO EN PÉRIODE DE PONTE
 

Serpente subit une déferlante d'éditions originales qui oblige l'équipe à faire un tri constant du bac des nouveaux arrivages.

Certains des titres que je suis en train de ranger et que je m’apprête à vous révéler n'ont passé que trois jours dans le bac avant de sommairement se retrouver poussés vers la sortie. L'idée que vous puissiez farfouiller nonchalamment dans le bac et ne pas les trouver me chagrine alors je vous en dresse une petite liste.

-La Survivante, Gillon, collection complète en EO, 60€*

serigraphie gillon survivante

serigraphie gillon survivante

-Sous le pavillon du Tsar, Dimitri, EO, 12€-Poupée d'ivoire T4 le tombeau Scythe, Franz, EO, 15€-Dans les villages T4 le rêveur de réalité, Cabanes, EO, 10€

-Dans les villages T3 la crognote rieuse, Cabanes, EO, 10€-Dans les villages T2 l'anti-jôle, Cabanes, EO, 10€-Dans les villages T1 la jôle, Cabanes, EO, 10€-Dan Dare, 4 jours pour sauver la planète, 1977, 12€ car un peu défoncé.-La Débauche, Tardi-Pennac, EO, 18€-Histoires de l'histoire, les années de feu 1933-1945, EO, 6€-L'Histoire en BD, Bruxelles mille ans d'épopées, EO, 20€-Les Compagnons du mal, Hans Kresse, Reed, 8€-Oscar le petit canard, Mat, copllection patrimoine BD, 15€-Ténébreuses affaires, N.I.C.O.L.L.E.T, EO 1979, 12€-Nomad T1, Buchet Morvan et cie, 11€-Storm T2 la dernière sentinelle, Don Lawrence- Lodewijk, EO 1980, 20€-Le monde d'Arkadi T1 les yeux d'or-fé, Caza, EO, 12€-XIII intégrale 1 petit format, Vance-Van Hamme, 12€-Rataplan et le signe du Toro, Berck, 25€ au lieu des 50 de la côte (celui-ci rejoint notre bac broché)- Special Ric Hochet, K.O. en 9 rounds, 18€-Forces spéciales, Kubert, EO 1986, 9€. L'étiquette précise "très beau Kubert avec une couv' très moche)-Sammy T18 panique au vatican, Berck et Cauvin, EO, 12€

Je m’arrête là pour l'instant mais la vague d’éjection du bac nouveaux arrivages EO n'étant pas prête de ralentir, gardez l’œil ouvert!

*Les amateurs n'oublierons pas de scruter nos murs de la rue Serpente à la recherche de la sérigraphie qui sert d'illustration au présent article et que nous vendons aussi.

 
POURQUOI NOUS AVONS PARFOIS L'AIR DE C*** HAINEUX
 

"Interdiction absolue d'ouvrir les pochettes !" pouvait-on lire récemment sur de nombreux petits panneaux rue Dante. C'est que notre collègue Pierre-Yves redoute par dessus tout la détérioration des ouvrages placés sous pochettes à vocation protectrice. Cette protection est en effet à double tranchant. Comme nos pochettes sont scellées autour de l'ouvrage fragile soit par du scotch, soit par une bande de colle préexistante, elles nécessitent un certain doigté pour l'extraction et la réintroduction de leur contenu. Il est bien légitime que le curieux et l'amateur veuillent consulter un ouvrage avant de savoir s'ils ont vraiment envie de l'acheter...

Il est en revanche regrettable qu'un objet fragile soit détérioré bêtement après avoir tranquillement préservé sa beauté à travers les décennies. J'ai moi-même dans la boutique de la rue Serpente pendant longtemps dissuadé les brutes et les maladroits de s'attaquer aux petits formats par une formule qui alors choquait Alexandre : "Devant la recrudescence de salopards s'ingéniant à détruire les petits formats, il est désormais INTERDIT d'ouvrir les pochettes. Si vous voulez consulter un ouvrage, demandez à un LIBRAIRE !"

Notre collègue Anton, d'un naturel doux et optimiste, bien qu'il écoute le plus souvent de la musique lugubre, était choqué par les étiquettes. Aussi les retira-t-il avec l'assentiment de Stéphane, qui comme chacun le sait est le symbole même de la douceur englobante qui, tel le roseau courbe face à l'adversité pour mieux se redresser, ou qui, plus exactement, tel l'édredon, épouse les coups sans douleur pour mieux les retourner.

Malheur, comme pour donner raison à la scrupuleuse méfiance de Pierre-Yves, une belle couverture a été détériorée par une brute mystérieuse et honteuse, qui a dissimulé son forfait.

Regardez l'image du début... Si Tondu a l'air fâché, c'est peut-être à cause de ce nuage dans le ciel si bleu... Mais... Mais ! Ce n'est pas un nuage ! C'est un déchirure de la couverture, la première couche a été partiellement arrachée ! Regardons maintenant la seconde image...

Oui on voit bien sur la bande collante le petit bout de ciel manquant sur la couverture. Dire que cet album a été imprimé en 1959 (il s'agit de l'édition belge de Plein Gaz, le septième Tif et Tondu dessiné par Will), et qu'il vient se faire esquinter par un client dans une boutique spécialisée. C'est vrai que c'est rageant. Pas tant pour le prix (encore que, sa valeur vient bien de chuter de 50 €, c'est pas rien), mais dans le principe : ce n'est pas la vocation de la boutique que d'accélérer la destruction des belles pièces.

Bref, c'était pour vous expliquer pourquoi on est souvent un peu chiants et pourquoi on se méfie des clients qui ouvrent les pochettes sans demander la permission, et pourquoi on vous propose souvent de ranger les ouvrages nous-même.

Il y a 5 ans j'avais déjà écrit un article sur ce passionnant sujet, vous pouvez le lire ici.