Lectures d'octobre
 

Quelques petits potins ramenés de mes errances numériques

Par Stéphane

PLAGIAT : Tout d'abord, la dénonciation de plagiat est à la mode en France depuis la sortie du dernier Eprouvette (tiens d'ailleurs, certains articles sur le plagiat était repris du comics journal non?). Cornelius l'éditeur en a abordé quelques uns sur son blog, ( Un dossier sur Daniel Clowes auquel j'ai collaboré -aaaaaahhh que c'est bon pour l'ego- et une bande dessinée par Blanquet). Mais tout ça c'est un peu du n'importe quoi. Le problème est de distinguer la ligne qui sépare le plagiat de l'inspiration. Et moi, je n'y arrive pas clairement. J'ai l'impression que tout le monde plagie un jour ou l'autre quelqu'un, comme pour se  nourrir. Je dirais même qu'un homme qui n' a pas plagié est juste un homme qui ne s'est pas fait prendre. Encore une preuve, Bob Kane, oui oui, Bob Kane le créateur de Batman était lui-même un plagieur éhonté. La demonstration en image, 1, 2, 3, 4. Regardez en bas du lien numéro un pour d'autres exemples de plagiat (ou taper swipe swiper swiping sous Google).

Mise à jour du 12/10:
1- Les
"influences" de Roy Lichtenstein, artiste plagiaire ou intertextuel, c'est selon.
2- Grâce au site animenews, j'apprends ce matin que plagiat en japonais se dit pakuri , au moment même ou une accusation de pakuri tombe à l'encontre de la série D Gray Man,
ici et (lui est à droite), commencée d'ailleurs ce mois ci chez l'éditeur Glénat.

IMMIGRATION: juste une petite bande de quatre pages en ligne, en anglais malheureusement, sur le thème de l'immigration aux U.S.A, déssinée par Peter Bagge, artiste dont le En route pour Seattle vient d'être édité cette année chez Rackam.

APPRENDRE A DESSINER LES VISAGES : grâce à Scott Mc Cloud, encore une fois, et cette géniale avant-première de son prochain livre technique sur la bande dessinée.

Au fait, je remercie encore une fois Boing Boing, sinon ce billet serait du plagiat.

 
Nos Clients sont des futures Stars
 

"Mon succès est assuré, quoique encore dans l'avenir" écrivit selon la légende De Nerval à son père dans sa lettre de suicide.

Par Stéphane

Voici la bande annonce d'un documentaire à venir sur le geek. Mais qu'est ce qu'un geek me direz-vous? et bien, tout d'abord, le geek n'est pas un nerd. Le geek est quelque chose d'imprécis mais de l'ordre du fan compulsif, du  collectionneur fou, de l'être un peu trop replié dans son propre univers parallèle. Ce n'est donc pas un hasard si certains de nos clients apparaissent dans la bande annonce (et encore, je suis pas sûr d'avoir reconnu tout le monde). En tous cas pour en savoir plus, regardez la bande annonce ou rendez-vous sur le wikipedia ou sur le blog du geek où j'ai trouvé la video.

 
Mangas lourdement pas chers
 

Et en plus ça roule...

par Vlad, publi-"reporteur"

La boutique a fait l'acquisition d'un magnifique présentoir à mangas sur roulettes d'une couleur attrayante, en harmonie avec la devanture de notre voisin. C'est magnifique. Seulement voilà, c'est bien beau la visibilité de nos produits, des "mangas à prix cassé, à prix discount, super pas chers", mais même à moitié prix (3,50 €, les 5 pour 15 €), les bouquins pèsent le même poids, et vu l'état de la marche pentue, sortir et rentrer le meuble, une fois plein, relève du travail herculéen. Alors moi, Vlad, qui ne suit pas aussi musclé que Stéphane, j'offrirai un manga du présentoir (ou je peux consentir une remise de 10 % sur un autre produit...) à tout client précautionneux qui se montrera volontaire à l'ouverture ou à la fermeture du magasin, pour m'assister dans cette tâche .

notule spécialement dédicacée à J. D., un gars précautionneux.

 
Hato, Toujours plus haut! de Osamu Tezuka
 

Depuis la naissance du blog de Cornelius, nous n’en avons que peu parlé. Normal, car dans le milieu des critiques de bande dessinée, suite à quelques articles je suis en passe de finir comme «suceur de bites undergrounds », dixit Vlad. Moi qui me méfie des églises, va-t-il falloir que je remplisse mon quota de XIII et de Largo Winch afin de montrer patte blanche de nouveau.

Par Stéphane

Suite aux discussions avec quelques-uns de nos clients fans de Tezuka, et déçus par Hato, je me  lance dans l’écriture de ce post. Le décryptage commence dans la suite, après ce petit résumé de l’intrigue.

Des jumeaux orphelins, éduqués dans l’amour et la fraternité par une femme serpent aux pouvoirs puissants, sont destinés à de grands projets, mais finissent par se faire face, divisés par la gouvernance de leur village natal. Les legendaires Remus et Romulus n’auraient pas fait mieux.

 

En farfouillant dans la tonne de documents que je compile dans le but de débiter des infos géniales et passer pour un éminent savant dans le monde de la critique bande dessinée, j’ai dégoté cette citation de Tezuka.

«Les gens me demandent souvent, "Astro Boy est votre travail le plus représentatif n’est-ce pas ?" C’est est en parti vrai car, de par sa longueur, elle permet de jauger de mon évolution dans mon travail. Mais si l’on m’avait demandé, à la place, de citer ma création favorite, j’aurais répondu le Roi Leo, Hato, ou même certaines de mes nouvelles. Si j’ai vraiment pris du plaisir à écrire Astro Boy durant les deux trois premières années, les suivantes ne furent qu’une routine. Quant à l’après adaptation en série télévisée, continuer à écrire Astro, devenu phénomène monstrueux, me procura beaucoup de tristesse.» 

Hato, œuvre anecdotique dans la carrière de Tezuka, passée inaperçue même au Japon où elle fut diffusée dans un magazine peu populaire à l’époque (Com pour ceux que ça intéresse), est il est vrai loin d’être sa meilleure série. Cependant, la lecture de Hato est vraiment agréable, et  même passionnante pour ceux qui s’intéressent à la carrière de l’auteur ou au folklore japonais. A l’aune de ces deux augures, l'œuvre révèle de bien belles qualités.

Inspiré à Tezuka par la lecture de Taro du Dragon, vrai grand chef d’oeuvre de la littérature enfantine écrit par Miyoko Matsutani et traduit en français chez Magnard, Hato constitue la première et unique incursion de cet auteur dans l'univers des légendes japonaises –si l’on excepte Dororo, plus axé sur le yôkaï que sur les légendes. Ici, nombre d'épisodes mettent en scène des combats entre hommes et esprits, fées et autres bêtes, avec la plus tendre des naïvetés enfantines.

Comme le souligne l’éditeur Cornelius, la forme du récit est particulièrement originale pour l’époque. Composé de bulles mais aussi de commentaires hors-cadre, flottant dans la page, certains amateurs de bande dessinée y verront les prémices du roman graphiques tel qu’il sera défendu quelques années plus tard par Will Eisner, sur un autre continent. D’autres le rattacheront aux contes illustrés pour enfants, dont la tradition existe aussi sur l’archipel depuis des lustres. En tout cas, c'est innovant.

Coté scénario, Tezuka fait montre de thèmes caractéristiques dans ses œuvres à l’approche du tournant des années 70. D’un coté, sa conscience politique se précise, à mi-chemin entre l’unicité japonaise si chère à la pensée nationaliste nippone (attention, ne pas y voir le même concept que dans notre hexagone) et le communisme montant dans ce pays sous tutelle. Hato-maru, jumeau positif, incarne ainsi l’unicité du village face aux catastrophes naturelles et la révolte face aux oppresseurs et leur leader (le frère Taka-maru,devenu chef de guerre).

De l’autre coté, Tezuka témoigne des craintes qui saisissent la société japonaise à cette époque, s’apprêtant à renouveler le traité d’alliance nippo-américain qui a cours tout les dix ans. Comme dans Prince Norman, c’est le futur proche qui angoisse, le sentiment partagé d’avoir atteint les limites de la reconstruction et ne savoir comment aller encore plus de l’avant. Comme le dira le critique Japonais Jun Ishiko (assez célèbre) à propos de Hato en 1977, en référence à son titre japonais (Dove ! Envole toi au Paradis!) «Dove a atteint le ciel, mais désormais, comment faire pour qu’il apprenne à voler ?». Cette angoisse, les Japonais devaient bientôt apprendre à la surmonter.

 
Le retour du noir
 

Laissez tomber une bonne idée, il y aura toujours quelqu'un pour la ramasser

Rappelez-vous, il y a quelques mois, je me réjouissais ici de l'arrêt des dos noirs chez Delcourt... Et bien c'est désormais aux amoureux de la sobriété linéaire de faire la fête. Les dos noirs sont de retour... Chez Glénat qui donne un coup de neuf fort original à sa collection Grafica.

La preuve sur la photo ci-dessus des deux dos de La loi du Kanun, une série qui démarrait excellemment il y a un an et qui se poursuit avec moins de relief aujourd'hui (pour des raisons indépendantes de la maquette !).

 
Sauterie des 60 ans du Lombard
 

Séance de dédicaces avinées par les auteurs du Lombard, au milieu d’une sobre soirée Bruxelloise -600 personnes- organisée à l’occasion du soixantième anniversaire de la dite maison d'édition. Alcool, ballon rond et musique MTV-like ne font pas forcément pas bon ménage, mais la plupart de ces artistes sont des vieux de la vieille, et leur performance est souvent intéressante. Dommage, sur la vidéo, j'ai raté les meilleurs, Dany, Derib et Rosinski en particulier... Je devais trop picoler quand le show a démarré. Heureusement, on peut apercevoir par moment leur dessin.Enfin, je me dis que de tous ces artistes de l'enfance, celui que j'aurai vraiment aimé rencontrer était Franz, découvert sur le -trop- tard à Aaapoum Bapoum.

 
Comment les éditeurs et les marchands de cartons nous ont niqués
 

Je suis nul en maths mais j'ai la rage

par Vlad

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Relisant hier deux albums que j'aime, mon cerveau a commencé à bouillir quand je les ai retournés et que j'ai regardé les "vieilles" étiquettes des prix. Il faut dire que ces albums sont très bons. En plus ils sont édités par la même maison, sont parus à un an d'intervalle et en plus ils ont les mêmes auteurs, ils vont donc être parfaits pour servir d'exemple étalon dans ma démonstration.

Il s'agit du diptyque de Pourquié et Pécherot formé par Des méduses plein la tête (un des meilleurs albums de tous les temps) et son remake Ciao Pékin. Je vous recommande au passage ces deux bijoux, ce qui n'est pas le cas de la troisième collaboration des deux auteurs, Vague à lame, tellement ratée qu'on dirait du Chauzy-Jonquet.

Des méduses plein la tête est sorti en février 2000 et valait 59 francs. Ciao Pékin est sorti en mai 2001 et valait 88 francs. Déjà vous voyez où je veux en venir... Attendez,  je développe dans la suite : c'est après que ça devient meilleur...

De 59 à 88 francs, ça fait si je ne me trompe pas trop une augmentation de... 29 francs, soit 49% en plus. C'est notable tout de même... A ce stade, le commercial de chez Casterman intervient et dit "Haha, certes, mais l'album est beaucoup plus grand, c'est plus beau, luxe, confort de lecture, volupté et patati...". Alors là, a priori, moi je m'écrase : effectivement, les Méduses font 22,6 X 30,2 X 0,7 cm, tandis que Ciao fait 24,1 X 32 X 1 cm (plus épais, 2 cm de plus en largeur et 2,5 en hauteur), soit une augmentation de surface de premier plat de 13,24% et une augmentation de volume de 61%. Je suis impressionné.

Sauf que... C'est bien beau luxe confort et volupté, mais à l'intérieur, la surface imprimée des planches, une fois retirées les marges, est quasiment la même dans Ciao que dans Méduses... PIRE : malgré l'augmentation de la taille de l'album, la surface imprimée est plus petite dans le grand format : une planche de Méduses fait 9,2 cm sur 26,1, tandis que celles de Ciao font seulement 9 cm sur 26 !

Je ne peux m'arrêter en si bon chemin : IL EST IMPORTANT D'APPRENDRE QUE CIAO COMPREND 8 PLANCHES DE MOINS QUE MEDUSES (56 contre 64, et oui, plus épais de 3 mm, mais moins de pages, vive le carton !).

Une page de Méduses coûtait donc 92 centimes de francs, tandis qu'une page de Ciao revenait à 157 centimes. Sous ce rapport, c'est donc une augmentation de 70,65% dont ont été valorisés des produits similaires. Oui je sais, ça fait mal. Et je ne parle pas des augmentations consécutives au passage à l'euro.

Sans compter qu'une augmentation du volume de 61%, c'est très utile dans une période où l'immobilier a connu lui même une augmentation délirante (86,4% en moyenne entre 1998 et 2004 pour les logements anciens, 67,1% si on tient compte de l'inflation (chiffres INSEE, juillet 2005))...

Conclusion : les bédés sont beaucoup plus chères et prennent beaucoup plus de places qu'avant dans un rapport sensiblement égal, entre 60 et 70 %... C'est fascinant.

Seconde conclusion : je vous invite à réaliser quelques économies dans nos rayons à 5 et 7 euros...

PS : il est possible que des erreurs de calculs se soit produites, c'est plausible avec moi... Les matheux sont invités à nous les signaler.

 
Belle Collection de couvertures
 

C'était le bon temps

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Très chers clients, amoureux comme nous de cet âge fantastique de la bande dessinée américaine, voici de quoi vous rincer l'oeil en attendant de mieux vous ruiner en magazines dans notre honorable établissement. Devant la difficulté croissante à nous approvisionner en EERIE,CREEPY et VAMPIRELLA - y en a plus nul part, il est fort probable que votre collection ne s'enrichisse plus aussi vite que par le passé ; alors voici de quoi patienter.

Ci contre, un petit avant-goût que j’ai spécialement choisi pour Vlad, particulièrement fasciné, en ce moment, par Jeff Jones (Ici Jones est accompagné sur ce superbe dessin par Vaughn Bode).

 
Goldorak est mon ange gardien.
 

Sans lui je serai autre chose, c’est sûr

Par Stéphane

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1 : Comme pour deux garçons sur trois de ma génération, il fut le héros et le  jouet ultime. J’en eu deux versions. Le classique avec la soucoupe en plastique qui tire des missiles gamma et des planitrons, et une peluche, bien plus grande que moi, remplie de fourrage. La paille, c’était pour moi «de l’intérieur de Goldorak». Je devais découvrir ce que la paille était réellement quelques années plus tard, et comprenais ainsi pourquoi cette conne de peluche ne tenait jamais debout malgrè sa rigidité apparente.

2. Des rares miracles intellectuels dont ma mère peut s’enorgueillir lorsque elle parle de son fils (car il faut reconnaître que par la suite ce sacripant eu une scolarité plutôt sans éclats positif, si vous voyez ce que je veux dire), c’est que j’appris à lire seul (les mots et l’heure), entre quatre et cinq ans, à l’aide du programme télé et de nombreuses questions. A cette époque ma mère ne veut pas que je regarde la télé, et préfère que je m’épanouisse dehors. Hors, le mercredi, 14H35, après Watoo Watoo, impossible pour moi de manquer ce rendez-vous. Comme elle ne peut rien m’interdire sinon je fais des comédies atroces, elle me ment. « Retourne jouer, ce n’est pas encore l’heure. Ce n’est pas encore l’heure. Ce n’est pas encore l’heure. Ce n’est pas l’heure…. Bah alors, où tu étais, je t’ai cherché partout dans la cour mais tu étais nulle part. C’est fini Goldorak ». Vous pouvez vous dire que je ne me suis pas laissé faire longtemps.

3. Le premier dessin, celui que j’ai vu ou du moins compris comme tel. Dans les poubelles de l’immeuble, un superbe Goldorak en crayon à papier, sur une feuille à grands carreaux, les deux poings tendus, s’éjectant de sa soucoupe, avec des vaisseaux ennemis en arrière plan. Magnifique. Ma mère ne voulait pas que je le garde, mais elle céda. Aujourd’hui je le revois, assez nettement, et comprends qu’il ne devait être que le décalque d'un enfant plus vieux que moi. Mais à l’époque, c’est de l’art, qui me permit de saisir le concept de réalisme. Fini les boules et les traits que je griffonnais partout, je commençais à scruter le monde avec attention, et vouloir le reproduire dans le détail.

4. Quelques années plus tard, je décalque beaucoup, sauf Goldorak, dont je n’ai aucune représentation en deux dimensions. Il est le premier personnage que j’apprends à dessiner depuis un objet en volume –mon jouet bien sûr. J’ai beaucoup progressé grâce à lui.

 5. Aujourd’hui, je ne dessine plus, ou très mal. Je sais, je sens, un blocage. Pfiouuu. Chaque fois que je passe devant mon Goldorak en plastique, unique jouet que je possède encore, offert par François de DBD à un anniversaire, je me dis que je vais réapprendre grâce à lui. Un jour je vais le mettre sur ma table base, prendre une feuille, et le redessiner comme je le fis des dizaines de fois.