Béatitude crispante 2
 

Mieux que les photos, la vidéo du crime

Par Stéphane et Ronald, assistant réalisateur engagé de force.

En attendant plus d’informations –je vois une attaché de presse des éditions Casterman mardi matin pour parler de ces Corto Maltese version poche- voici une petite vidéo maison, subversive et amateur, qui dévoile quelques-unes des honteuses modifications de ces petits formats.

 
Béatitude crispante.
 

Rogne deux centimètres du cadre d’un des plus obscurs nanars du cinémaet tu récoltes toutes les ligues de défense au cul. Remonte totalement l’un deschefs d’œuvre de la bande dessinée et personne ne dira rien.

Par Stéphane

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Voila le dilemme. Depuis troismois, Corto Maltese s’est vu offrir uneédition de poche pas chère, et tout le monde –entendez les journalistes bd, lesspécialistes- crie au miracle. Sauf que personne ne dit que les livres sont,mais alors très différents de leur version en grand format. Deux solutions :

Soit 1- Personne ne l’a remarqué,ce qui semble le plus probable vu la tonne de mails interloqués que j’ai reçu dela part des quelques journalistes BD –vous l’ai-je dis des grands spécialistes,et engagés en plus- en réponse à mes questions internet sur ce sujet.

Soit 2 – Soit c’est une vieilleversion fumetti acceptée par Pratt lui-même de son vivant, à l’époque où il estprobable qu’il fut distribué en Kiosque. Et ces spécialistes le savent, mais ne disent rien.

Moi je suis trop jeune, et je ne lesais pas. Mais j’ai comme qui dirait de gros doutes. Depuis trois mois, traîneune critique très en colère contre cette initiative, je ne la publie pasdans l’attente de savoir si c’est un remontage moderne tel qu’il s’estodieusement pratiqué à l’époque de la collection J’ai lu en BD (appartenant augroupe Flammarion où crèche les éditions Casterman d’ailleurs).  Je mets desscans qui distingent les deux versions dans la journée, repassez donc.

Une bande dessinée d’une valeur de 15 euros au choix est offerte àcelui qui peut m’apporter la réponse. Puisque les professionnels nerépondent pas, faisons appel aux fans.

 
La bande dessinée entre au musée
 

"N'importe quel imbécile peut peindre un tableau, Mais il faut être malin pour le vendre"  dixit le satirique Samuel Butler

Par Stéphane

Je reviensd’un séjour à Cherbourg où se déroulait l’exposition La boite à dessins,rétrospective de la carrière d’André Juillard organisé par le Musée des Beaux-artsde la ville. Pourquoi parler de ça ? Simplement car, si letravail de Juillard me laisse d’une manière générale froid (quoique admiratifde sa technique), l’exposition est sublime, malgré de faibles moyens (40.000euros), et j’y ai appris plusieurs choses qui laissent à réfléchir.

1° : Une exposition comme celle-ci, ou celles d’avant dédiées à Bilal puis Schuiten,est dure à monter. Bien que la région soit à l’origine d’une telle démarche, l’Etats’investit peu, il préfère l’art contemporain.

2° :Hors une exposition autour de la bande dessinée attire quatre fois plus devisiteurs qu’une exposition de Beaux-arts traditionnelle. 10 à 12 milles visiteurs sontattendus pour celle-ci, et à chaque nouvelle tentative le score augmente.

3° : Cesexpositions sont d’autant plus intéressantes qu’elles attirent un public qui nemet d’ordinaire jamais les pieds dans un musée, et profite de l’occasion pourparcourir l’exposition permanente, découvre Chardin et Millet (autredécouverte, Cherbourg possède la seconde plus grande collection de Millet aumonde). La bande dessinée, selon ces expériences et confirmé par laconservatrice, la géniale Emilie Perrier, est le parfait appât pour initier lesplus réfractaires à la culture des beaux arts.

Bref,autant je suis contre l’introduction d’UFR bande dessinée dans les universités,lieux que je considère valable uniquement dans le cadre d’un developpement desavoir à vocation profesionnelle, autant des expositions temporaires -voirepermanentes- de bande dessinée dans le milieu des beaux arts, me semble être uneinitiative des plus enthousiasmantes.

PS: Le musée devrait très prochainement annoncer une exposition autour de Guillaume Sorel. Et il se pourrait que des tableaux d'Arnold Böcklin, comme ceux d'autres artistes à l'origine de ses inspirations, viennent enrichir le dispositif. Ce serait une première, une exposition, dans un musée d'Etat, confrontant artiste de bande dessinée et artiste de Beaux-arts.

 
Partielle baisse des prix chez Aaapoum…
 

 Notre rayon de belles occasions (des albums plutôt récents, plutôt en très bon état et plutôt de grand format) a subi des petites modifications... Il a été partagé en deux :

1) La plus grosse partie (environ 400 titres) est désormais vendue à 7 € par exemplaire (au lieu de 8 €, soit une baisse de 12,5 %), les 3 pour 20 € et les 8 pour 50 €, ce qui fait l’album grand format à 6,25 €, ce qui s’impose comme parfaitement alléchant en cette période de régression du pouvoir d’achat, alors que le prix courant d’un album neuf fleurte désormais avec les 13 €...

2) La seconde partie, une cinquantaine de titres moins fréquents, ou très populaires ou d’un prix d’origine plus élevé, a rejoint notre rayon d’albums à 10 € (les 6 pour 50 €), ce qui reste tout de même très intéressant.

Et non, il n’y a pas de carte de fidélité chez Aaapoum Bapoum.

 
Un taxi nommé Nadir, Gilles Tévessin & Romain Multier
 

Lescanons ont la vie dure ; la bande dessinée ne fait pas exception.

Par Stéphane

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Je me souviens, il y a quelques années, dans l’immense sous sol de la librairie Album du 84 boulevard St Germain, je cherchais une bonne heure et demi durant de l’iconographie sur Paris en bande dessinée à la demande d’Antoine de Caunes,tout droit sorti d’un film où il montrait ses jolies fesses et en pleine préparation de son premier long métrage à la réalisation. Un besoin de documentation jamais assouvi, l’homme connaissant déjà et sur le bout des doigts le moindre des dessins publiés par Tardi.

À l’époque, je m’étais dit qu’il y a vraiment peu de bandes dessinées prenant la capitale pour cadre, et m’étais trouvé un peu vexé de n’avoir réussi à exhiber mon savoir devant cette célébrité. Hors depuis, je n’ai jamais découvert de vision originale, novatrice ou intéressante de Paris, elles n’existaient donc pas, ou étaient bien cachées.

C’est donc avec un bonheur indicible que j’ai vu débarquer, pour la première fois,une démarche artistique en rupture avec les vingt-cinq ans de cette domination esthétique du maître Tardi ; le pire étant les répétitions vulgaires à l’infini, réalisées le plus souvent par des tacherons de première. Après le splendide Roi cassé de Nicolas Dumontheuil, qui renouvelait en début d’année dernière l’imaginaire et les courbes des tranchées de la première guerre mondiale (un autre de ses terrains de domination), voici Un taxi nommée Nadir, de Gilles Tévessin et Romain Multier, édité par mon vieux pote T.G, qui repeint Paris aux couleurs de ce nouveau siècle.

Enfin fini ce noir et blanc des clichés désuets d’une capitale du passé, trop souvent sous-entendue comme à son meilleur - le détestable Amélie Poulain en tête. Là est le grand mérite de cette bande dessinée, évider enfin l’imagerie anachronique et franchouillarde de ville musée, incapable de ce renouveler dans son architecture et dans son imaginaire,les pieds pris dans le béton pavé du vingtième siècle.

En plus d’apporter un peu de neuf esthétique, les deux auteurs dégomment la déjà canonique et pompeuse forme du reportage en bande dessinée initiée par JoeSacco. Ce dernier certes y excellait, mais là encore il faut voir ce que ces suiveurs ont produit comme déchets. Tévessin et Multier montrent que le documentaire a une histoire, de nombreux modèles à adapter.

Proche des portraits de professions réalisés par Alain Cavalier (à la tendresse sublime et récemment réédités chez Arte au passage, mon préféré «la dame lavabo»), leur promenade parisienne en compagnie d’un chauffeur de taxi, as de la conduite et guide de la nuit, ne cherche que la fluidité du récit et des décors, provoque la proximité par l’abondance de variations narratives et d’effets qui se veulent discrets.

Novateur à tellement d’égard au point de renouveler dans sa chair la bande dessinée, astucieux dans le détails de la voix et du trait tant et si bien que plusieurs lectures sont nécessaires,joyeux comme un drille et humaniste comme pas deux, ce livre est assurément l’un des plus grands moments éditorial de l’année 2006.

 
L'édification de la jeunesse
 

L'éveil d'une conscience

par Vlad

En 1984, quand l'album n°14 de Gaston (La saga des gaffes) paru, j'avais 9 ans. Sur la moitié de page inférieure qui suivait le dernier gag s'étalait une publicité pour l'Unicef au profit de laquelle les éditions Dupuis avaient édité un tirage de tête. Le caractère exceptionnel de ce type d'intervention au sein d'une bédé cartonnée, décuplait  son impact. De plus il y avait deux dessins de Franquin qui encadraient le texte.

Celui de droite représentait un enfant pauvre portant  de l'eau, et celui de gauche (reproduit ci-contre) montrait Gaston ouvrant un robinet pour remplir une casserole. Et bien cette image et les propos concernés de Gaston surgissent en moi à chaque fois que je tourne un robinet d'une main en tenant une caresserole de l'autre ! A chaque fois et ce depuis donc 24 ans ! Et seulement avec les casseroles... avec les bouteilles, les verres et les seaux rien ne se passe.

C'est fou l'impact de certaines images. Je suis plutôt économe avec l'eau, et ça vient partiellement de cette lecture !

 
C'est pour quand le nouveau BDM ?
 

Les collectionneurs de France, de Belgique et de Navarre parle beaucoup du BDM, publié aux Editions de l'amateur, soit pour en dire du mal, soit parce qu'ils le considèrent comme leur bible. Cet ouvrage, nommé plus fréquemment par les initiales de ses créateurs (Michel Béra, Michel Denni et Philippe Mellot) que par son nom complet (Trésors de la Bande Dessinée), a comme objectif de recenser la totalité des ouvrages de bandes dessinées publiées en francophonie et d'indiquer leur cote éventuelle.

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Bien qu'imparfait, cet ouvrage, conçu avec la collaboration de nombreux bénévoles, nous est très utile.Nous sommes quasiment sûrs que notre BDM 2005-2006 est le plus abîmé de tous les BDM de la rue la rue Dante. Ce doit être parce qu'il sert beaucoup, ou alors parce qu'on est très maladroits et qu'il tombe souvent dans l'escalier de la réserve...

En tous cas comme ça on risque moins de se le faire chouraver. On aurait pu le changer depuis longtemps, mais comme on écrit directement dessus les mises à jours qu'on peut trouver sur BD Zoom, les corrections glanées sur le forum BD Gest et nos propres rectifications de cotes, autant dire que cet exemplaire défraîchi est irremplaçable !Bref nous attendons avec impatience le BDM 2007-2008, car notre 2005-2006, comme les calendriers, perd ses pages (on doit reconnaître que ça n'a pas été facile d'en arriver là, la reliure est super résistante !).

 
Deux types très différents de collectionneur de dédicaces
 

Cette différence ne relève pas que de la culture et de la nationalité.

Par Stéphane

Première anecdote, découverte sur boingboing.com: En 1999, Jeremy Adolphson est un étasunien de 17 ans qui aime la bande dessinée, ou le comic comme on dit là-bas ; et  il a des idées - ou du moins une : envoyer des cartes postales aux artistes qu'il adore accompagnées d'une enveloppe timbrée pour qu'il la lui renvoie avec un zoli dessin dessus. Du coup, aujourd'hui il a une grosse collection de dédicace, soit 42 "galeries "qu' il expose sur le Web, et un jour, il la vendra aux enchères quand elle vaudra chère - sinon c'est ses enfants quand il mourra. En attendant c'est sympa à voir.

L'autre petite histoire de dédicace est plus "maison".

La semaine dernière, un de nos anciens clients pas trop fou mais un peu quand même vient me voir et me dit, "là, j'suis  dans la merde, je dois 150 euros à la poste et mon compte est bloqué, alors j'vends des bd et des dessins". Il revient des quais et de Rackam, mais n'a réussi à attendrir personne avec ses merdouilles. Je lui reprends les deux trois trucs les plus corrects, lui est content. Puis il me montre un original de Bilal : 1981, joli noir et blanc détaillé comme il n'en fait plus depuis belle lurette, mais abîmé d'une immense tâche de café sur la majeure partie gauche. Je lui dit que j'en veux pas, mais que là, vraiment il a été con. D'ailleurs, personne avant moi n'en a voulu non plus. Bref, au bout d'un quart d'heure de négociation, il gagne avec cette magnifique phrase, "de toutes façons je n'en veux plus car pour moi il symbolise mes années de drogue". Je lui achète avec 15 euros de ma poche.

Pour ceux qui serait déjà outré par ce gâchis, car un dessin de Bilal ça vaut bonbon, il faut savoir qu'ensuite il fut pas mal froissé par mon désordre, ce qui ne manqua pas de faire rire jaune Vlad, lui qui pensait le restaurer assez facilement. Au final, je ne sais pas ce qu'il faut retenir de cette histoire, mais je suis certain que les plus collectionneurs de nos clients vont m'en reparler.

 
L'ordre règne (3)
 

Petite menuiserie...

Nous n'avons pas chômé pendant ce si joli mois d'août. Comme vous pouvez le voir sur les photos qui suivent, nous avons construit de nos mains vigoureuses de petits meubles pour mieux exposer nos livres et surtout pour en présenter davantage. 

Le rayon mangas / manhwas s'épanouit désormais dans toute son opulence à l'entrée de la boutique, les comics Lug de notre enfance alignent désormais leurs magnifiques dos blancs et les éditions originales Glénat triomphent du côté nord...

 
Le Christ parlait dans des bulles
 

Rangez vos vieilles encyclopedies de la bande dessinée écrites par des croutons incultes. La vraie info est free et online.

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Désolé, seuls les anglophones seront totalement comblés, mais pour les autres les images valent vraiment le coup d'oeil. C'est l'histoire de la bulle, du phylactère si vous préférez, dans l'iconographie. C'est fou. D'ailleurs, n'hesitez pas à faire un tour plus général sur ce site très riche.