Femmes z'à foison
 
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AkaSake c'est du street art, du tatoo, de l'indé-Vivès, du mélange Mizuki-Maruo, des corps contorsionnés, des intrications intimes étranges, du folklore bien léché.

AkaSake c'est aussi une rencontre-dédicace de son auteur Alexis Bacci à Aaapoum Bapoum le vendredi 23 juin de 19h à 21h30.

Il sera accompagné d'Eldo Yoshimizu de 19h à 20h30. Eldo n'en est pas à son premier passage chez nous.  Nous le recevons une seconde fois avec grand plaisir. Il manie la femme, sa Ryuko, avec passion. Il dessine l’énergie, il enveloppe l'élégance d'une intense chape d'action effrénée. Pas de T2 de Ryuko dans sa besace pour l'instant. Sa venue sera notre occasion donnée aux retardataires, à ceux qui ne purent venir il y a quelques mois, à ceux qui l'ont juste découvert un peu trop tard. 

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Ryuko étant déjà un sujet assez balisé, revenons à AkaSake. Que dire de plus que nous n'ayons déjà mentionné avec délectation dans notre petit article de blog ?

Peut-être faut-il rappeler qu'AkaSake est un artbook érotique-gore dont la sensualité se dispute à l'étrange et au décalé. Qu'imprimé en risographie, un procédé très proche de la noble sérigraphie, il n'en existe que 200 exemplaires. Que l'auteur, Alexis Bacci, a fait sien l'indé liberé moderne autant que l'élégance et le folklore traditionnel japonais.

Que ce que son style perd en délicatesse de porcelaine (à l'image d'un Maruo ou d'un Furuya) il gagne en détournement et en facétie. Enfin qu'ainsi, il crée une césure intéressante et nécessaire, renouvelant l'Ero-guro stabilisé par ses grands maitres en lui insufflant de nouvelles influences.

Niveau modalités on en est ou ? Vous devriez commencer à connaitre notre mode de fonctionnement favori: un achat, un ticket.

Pour AkaSake c'est fastoche. Soit vous achetez l'artbook, soit l'une des magnifiques affiches tirées de l'album. Vous obtenez ainsi votre petit ticket. Pas de limite de place déterminée, on fera ça à l'instinct.

Pour Ryuko, c'est tout aussi simple. Soit vous achetez un Ryuko, soit, si vous êtes déjà propriétaire de l'album, un autre titre des éditions le lézard noir. Rappelez-vous qu'en faisant ça, vous soutenez la librairie qui se plie en quatre pour les auteurs et qui aime leurs livres, vous soutenez les auteurs (logiquement) et l'éditeur qui a sorti l'album qui vous a tant plu.

20 places uniquement pour Eldo car il doit partir tôt. Si vous ne pouvez vous déplacer à la boutique, rappelez vous que nous vendons aussi à distance.

Un immense slip aperçu à Aaapoum Bapoum
 

Oyez oyez la geste de Todd, l'immense entité à l'apparence de la nuit la moins étoilée. Son Slip ? Dérobé. Son intimité ? Dévoilée. Son âme ? Brisée. .Todd erre dorénavant à travers les landes, les montagnes, les champs de bataille et bientôt Aaapoum Bapoum à la recherche de sa seule possession matérielle. Ce faisant, il va réinventer l'univers, croiser des personnages absurdement sensés, sauver le monde (ou du moins tenter de le faire), comprendre, accepter, renverser, questionner, le tout sur un ton décalé et naïf à la fois qui emmène le récit d'un exercice de style libéré à un réseau de réflexions construites.

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Plus ou moins accompagné d'une clique de personnages hauts en couleur comprenant un chat bavard mais sans texte et une chouette débonnaire, Todd recherche les petits rouges, auteurs présumés du larcin. Ce faisant, il devra faire face à une menace cosmique qui ébranlera toutes ses certitudes. D'une errance sans fin discernable ni étape définie, le récit se transforme vite en une quête métaphysique apocalyptique.

Mais tout ça vous le saviez déjà, n'est ce pas ? Vous aviez lu notre précédent article sur l'album, bien entendu.

 

La seule information d'importance à souligner est donc cette jolie petite annonce d'un brunch-dédicace en présence d'Alex Chauvel, l'auteur, et de quelques membres des éditions The Hoochie Coochie (en fonction de leur disponibilité), le samedi 29 avril de 11h30 à 15h.

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Comment ça, un brunch-dédicace ? Nous comprenons que la tradition du brunch, ce repas sucré-salé en forme de banquets composé généralement de multiples mets à grignoter, culmine le dimanche midi dans une explosion de placidité et de félicité.

Nous croyons aussi qu'il peut être le point de départ d'une belle journée de printemps dynamique et sociale. Alors puisque nous accueillons Alex Chauvel, l'auteur de cette histoire que nous avons tant aimée (et de plusieurs autres toutes aussi délectables) un samedi midi, autant en profiter.

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La vaste période de présence de l'auteur nous permet de lancer une dégustation-discussion dès 11h30 autour d'une table, d'un buffet et de tout un tas de BD. On s'attend à ce qu'Alex Chauvel nous parle, entre deux bouchées, de sa maison d'éditions Polystyrène, de son travail conjoint avec the Hoochie Coochie (Todd, la vie d'un e-mail), du processus de création de sa dernière histoire, de ses prochains projets et de tout ce que vous voudrez... Ensuite, en fonction du rythme d'arrivée, du rythme de digestion, des trous dans la conversation, Alex Chauvel s’attèlera à la tache.

Il y aura a boire et à manger mais quiconque arrivera avec du rab' (boisson ou boustifaille expressément dédiée au brunch) se verra gratifié d'un bon d'achat (valable hors dédicace).

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La partie dédicace de la matinée se déroulera comme à notre habitude. Nous utiliserons un système de tickets pour garder un moyen de juguler l'affluence au besoin mais nous conserverons de la marge pour les apparitions spontanées, les indécis de la gueule de bois et les baladeurs du samedi matin qui tomberaient par hasard sur l'évènement.

Au final, l'utilisation de tickets numérotés ne sera probablement pas un numerus clausus mais plutôt une façon d'éviter une file d'attente anti-conviviale et de la remplacer par un mouvement de foule fluide dirigé vers la nourriture et l'auteur.  D'ailleurs, pas besoin de ticket pour profiter du brunch, bien entendu.

Alex Chauvel aime jouer avec ses histoires de façon plus concrète que les simple Oubapiens de l'Association. Il transforme physiquement les systèmes de narrations, notamment dans son Thomas et Manon, et incite le lecteur à jouer avec.

Bien que les précédents albums d'Alex Chauvel aux éditions Polystyrène seront disponibles lors de la dédicace, c'est uniquement en achetant un exemplaire de Todd que vous pourrez obtenir le sésame car c'est bien The Hoochie Coochie et leur nouveauté qui seront mis à l'honneur. Vous devriez pouvoir vous faire signer les autres tout de même.

 
Slip-pery slope
 

Hé bien, c'est le printemps chez les éditeurs ! Ils enchaînent les sorties qui font sacrément plaisir. En tout cas, chez nous qui n'avons que très peu de neuf mais qui en parlons beaucoup, il y a dorénavant une nouvelle poignée de titres indés sélectionnés avec soin et délectation parmi les nouveautés de nos petits chouchous. Ut, chez Mosquito, Sestrieres chez Çà et Là, Akasake en auto-édition, l’Exécuteur T2 chez Delirium, la Cantine de Minuit au Lézard Noir...

Nous n'aurions pas la place de tous les lister. Nous en serions presque débordés ! De tous ces arrivages, toutes ces piles à ranger, ressort toutefois une tête. Une tête et un torse. Une tête et un torse bien reconnaissables: ceux de Todd le géant.

Les premières pages donnent le ton.

Les premières pages donnent le ton.

Todd le géant est tout noir, tout immense et tout perplexe. Il fait face à un sacré problème. Il s'est fait chouraver son slip. Todd le géant est donc tout noir, tout immense et surtout tout nu. On comprend alors qu'il lui faille partir dans une quête proto-existentielle sur les traces des petits rouges qui sont sensés l'avoir subtilisé. Ce postulat d'une simplicité extrême, né du doux délire de départ d’Alex Chauvel, porteur d'une connotation originelle très enfantine, révèle très rapidement  un univers de fantasy alternatif de haute volée bien éloigné des sempiternels nains des profondeurs et autres hautains elfes. L'histoire est dense, le narratif infiniment bien construit et le minimalisme graphique achève de mettre au premier plan une inventivité globale terriblement rafraichissante.

Tout dans Todd est vecteur de candeur tout autant que de décalage. Les attitudes, les piques verbales, les réflexions, les concepts, les mythes, la faune, les rebondissements... Un escargot à l’évolution non darwinienne, une chouette amicale au langage fleuri, une mitose de nuage... Candeur éclatante, gentillesse sourde, décalage merveilleux servis par un gaufrier quasi immuable de 6 cases par page, limiteur et impulsion créatrice à la fois.

Même sans contexte, ça me semble à pouffer.

Même sans contexte, ça me semble à pouffer.

Il faut savoir à ce sujet que l'album fait 1008 pages (un beau petit pavé, donc) comprenant un total exact de 6001 cases. L'initié reconnaitra là le joli score (le joli record) des Carottes de Patagonie de Trondheim, dépassé d'une petite case de bon aloi. C'est bien avec ce nombre précis en tête que l'auteur s'est lancé dans son récit. L'album étant d'un format plus ramassé que les carottes, le défi est encore plus réussi. D'ailleurs, pour ne pas perdre en confort de lecture tout en évitant de détruire l'album à la moindre ouverture, l'éditeur a fait preuve d'une certaine audace en laissant apparente la reliure.

Pour décrire cet album, moi non plus.

Pour décrire cet album, moi non plus.

L'album est recouvert d'une belle jaquette qui lui confère une partie de son charme, se remise facilement et qui, une fois enlevée et donc protégée de toute dégradation, révèle un dos nu, cartonné d'aucune façon. Le jeu de collage et de couture des cahiers laissé ainsi libre permet d'éviter de casser l'album ou de marquer d'atroces et définitives pliures sur son épine dorsale. La surcouverture camoufle efficacement le tout lorsqu'il le faut mais ne subit pas la lecture du quasi-cube outre mesure.  L'album est souple, transportable et le lecteur peut se laisser porter par ses habitudes de lectures sans avoir à entrebâiller seulement sa BD pour sa préservation.

Devinez le nom des potes de Ringo ?

Devinez le nom des potes de Ringo ?

Todd le Géant qui s'est fait voler son slip entreprend un voyage à première vue étonnant et aléatoire mais rempli de sagesse et de bon sens. Quand toute une clique de personnages bigarrée prend la peine de poser ses réflexions, ça donne un récit qui suit un cours tranquille mais non sans tumultes. Todd est le récit du lent apprentissage et de l'éducation à l'acceptation de la notion vitale et inévitable de bouleversement. L'album distille une certaine sagesse de la résignation, philosophie positive lorsqu'acceptée pleinement et transformée en projet optimiste.

Todd repose tout autant sur une arythmie de prise de conscience que sur un jeu d'explications en tiroir intelligent et intrigant. L'auteur y plante puis y fait pousser des champs entiers de messages positifs auto-critiques réalistes mâtinés d'humour et d'un recul salvateur.

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Entre tous les jeux visuels discrets implémentés avec efficacité se nichent aussi une honnêteté et une fraicheur lexicale créatrice d'attachement et vecteur d'intime.  En résumé, Todd est une BD à la bienveillance rayonnante, qui nous en fait presque oublier les multiples hécatombes qui la parsèment.

Todd le géant s'est fait voler son slip, par Alex Chauvel, The Hoochie Coochie, 1008p, 25€. À retrouver dès sa sortie chez Aaapoum Bapoum

 
Du foutre plein les lunettes
 

Vous vous souvenez du dernier coup de cœur d'Aaapoum Bapoum ? Non ? C'est pas grave, on passe déjà au suivant.

La librairie Aaapoum Bapoum est un repère historique d'amateurs de viscères, de sensualité et du couple que peut former les deux. Les anciens se souviendront avec délectation des conseils éclairés susurrés dans nos coins sombres aux heures troubles de la fermeture prodigués par Patrick Batman, l'expert encore incontesté de la boutique. L'époque était à la découverte émerveillée de Maruo (entre deux haut-le-cœur) et à la délectation des premiers pas dans l'Ero-guro du lecteur lambda grâce au Lézard Noir.

Notre rayon Lézard Noir fait dorénavant notre fierté mais le tsunami se retire, nous laissant pantelant, moites et toujours en demande.  Comment payer notre hommage aux temps glorieux du défrichage décadent ? Comment retrouver ce plaisir de ne pas seulement conseiller un -dorénavant- mastodonte du genre? Comment retrouver ce petit frisson de l'underground beau, sale, délicat, dégradant ?

Yakuza Shunga, immense artbook sérigraphié paru aux éditions The Hoochie Coochie nous permit un temps de revivre ce magnifique moment de grâce. Au tirage ultra limité (120ex), aux couleurs chatoyantes et à l'imagerie jouissivement crue, l'album de 16 gigantesques pages nous rappela pour un temps notre amour de l'extrême visuel. Nous tachons de toujours conserver un exemplaire à votre disposition, bien que sa taille et son sujet nous poussent à le percher au plus haut de notre rayon érotique, mais les stocks s'amenuisent et nous savons fort bien qu'un jour, sa disparition sera définitive.

Fort heureusement pour les personnes à l'ordonnée faible qui ne pourraient l'atteindre en rayon, l'atelier  l'insolante nous propose de nous en mettre plein les yeux, au chaud, bien calé dans notre fauteuil de bureau tournicotant. Si cet aperçu vous met candidement en joie, n'hésitez pas à nous le réclamer.

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Passé cet album étonnant et précieux par la rareté de sa démarche d'hommage transgressif qui mérite toutes nos éloges, il ne nous reste guère plus qu'à revenir sur ces cotes déjà explorées, dans ces forêts maintenant bien défrichées du Furuya et du Kago.

Jusqu'à ce qu'apparaisse ce petit album erostreet-gore étonnant, Akasake, auto-edité à 200 exemplaires, imprimé en risographie et sujet principal de l'article (à l'origine). La riso est un procédé d'apposition des couleurs très similaire à la sérigraphie qui, beaucoup plus accessible, réussit très bien à l'artbook au papier épais et granuleux.

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L'auteur, Alexis Bacci, y mélange hallucinations japonaises dénudées, lascivité indée aux courbes souples et au trait contemporain, coïts folkloriques furieux, morbidité stylisée dans une volonté de transmission autant que de modernisation. Akasake est une petite pépite ultra léchée, parangon d'un indépendant vivant et réussi, qui réutilise, actualise, respecte, se joue de codes et de lignes de conduites qu'on aimerait voir un peu plus passer dans nos rayons.

L'ouvrage ne se trouve pour l'instant que dans quelques petites librairies indépendantes de bon gout (notamment chez nous notre révéré camarade underground du 6e arrondissement un Regard moderne ou à l'agréable librairie du co-éditeur la dimension fantastique). Il se fait donc assez rare en échoppe, se vent 20€ et nous en avons quelques-uns, gracieusement signés par l'auteur.

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Bonus! Existe en édition ultra-limitée de 50 exemplaires une affiche risographiée, numérotée et signée, tirage unique issu de l'album. Elle est en vente rue Serpente au prix de 15€. L’éditeur n'ayant pas prévu de réimpression, il faut réellement sauter sur l'occasion d'autant que nous sommes la seule institution à la vendre en dehors de la librairie de l'éditeur.

Se limiter à seulement quelques illustrations (parmi les plus soft) pour cet article étant une réelle torture, je vous propose d'aller jeter un œil à toutes les belles previews censurée (mais pas trop) disponibles sur la page facebook de l'album.

 
Horikiyo, Enka de besoin
 

Parfois, chez Aaapoum, on n'est pas peu fier.

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Prenez par exemple cette magnifique édition vinyle du Horikiyo de Bonten Taro. Pressée à 200 exemplaires, sur une superbe galette couleur lilas, ornementée de stickers des plus classieux, accompagnée de sa version CD, le tout glissé dans une pochette somptueuse.

Grâce à la gentillesse des éditions Le Lézard Noir, nous disposons de quelques exemplaires à la vente. Et il se murmure que nous serons les seuls. Une véritable exclu en somme.

A tout seigneur, tout honneur, il trône logiquement au sommet de l'autel le plus farouchement gardé de la boutique.

 
Cosy Cosey
 

Cosey est un auteur qui ne déplait pas trop. La preuve en est faite avec la petite récompense discrète qu'il vient de recevoir. Le grand prix d'Angoulême, c'est une sacrée responsabilité. Ça pose un.e auteur.e. Il vaut mieux ne pas trop diviser les foules.

Suite à cette annonce, sa série phare, Jonathan, a promptement déserté nos rayons, vous vous en doutez. Son À la recherche de Peter Pan était déjà fort courtisé avant la gloire formelle et continue donc logiquement à passer en coup de vent. Que reste-t il alors dans nos rayons, une fois les quelques albums restants de sa vaste carrière collectés ? Nous constatons avec soulagement la présence de quelques belles éditions originales de ses séries les plus célébrées, quelques tomes aléatoires de ses productions les moins notoires ou les plus oubliées et puis... et puis... La fracture. Le point de tension. L'objet de duels et de joutes acharnées. Son le Voyage en Italie. Tour à tour pierre angulaire d'une collection ou rejeton du diable, il est indéniable que la série divise.

Nous avons pu croiser en boutique un nombre modestement conséquent de clients depuis les petites poignées d'années d'existence de l'échoppe de la rue Serpente. L'opposition est nette. Certains s'insurgent de l'ennui provoqué par cette série de deux albums tandis que d'autres la louent pour sa profondeur psychologique et sa beauté scénaristique. J'imagine que nous ne sommes pas tous sensibles aux même choses. J'ai même l'impression d'y retrouver des brisures nettes identiques qui opposent avec véhémences les amoureux et les détracteurs du manga hype par excellence de ces temps-ci: Chiisakobé. Pour cette série aussi le fossé se creuse entre amateurs d'un immobilisme stylisé profondément réfléchi, travaillé, et les détracteurs n'y voyant qu'insupportable vacuité. Heureusement, au sujet du voyage en Italie, internet pondère.

Ne reste plus qu'a vous faire un avis grâce aux quelques exemplaires de la réédition des années 2000 en 2 tomes, souple et économique, dont nous disposons encore en pile rue Serpente, sur notre site de vente ou grâce aux multiples autres éditions qui parsèment nos rayons.

 
Le cadavre et le sofa - Tony Sandoval
 

Tony Sandoval produit beaucoup. Beaucoup d'illustrations que l'on peut retrouver avec bonheur sur ses réseaux sociaux; beaucoup d'albums aussi. Et Tony Sandoval évolue vers constamment plus de maitrise. Mais l'auteur n'est pas parti de rien puisque le Cadavre et le sofa, l'un de ses premiers récits paru en français, posait déjà toutes les bases, qu'elles soient narratives, graphiques ou imaginaires, d'un univers déjà en fin de gestation.

Polo est un jeune garçon que la campagne fait doucement gamberger. Il ne semble pas y avoir grand chose d'autre à y faire, de toute façon. Esseulé, désœuvré, on le comprend en quelques cases suffisamment différent pour que ses vacances se passent nécessairement en solitaire. S'installe ensuite dans son quotidien, le plus naturellement du monde, une énigmatique jeune fille à la beauté presque littéralement envoutante, Sophie. Rapidement les deux se rapprochent autour d'un sofa laissé à l'abandon et d'un cadavre en décomposition tout aussi livré à lui-même. Sophie va recréer Polo, sans qu'il ne s'en aperçoive, au cours d'un été baigné d'étrange et de métamorphoses.

Les auteurs humoristiques placent souvent le passage à l'âge adulte au moment précis de l'apparition tant attendue et célébrée du fameux premier poil pubien. Ils en oublient au profit du gag facile le fascinant et indéfinissable temps de maturation, sans réel début, sans réelle fin, duquel on ne prend conscience qu'après les faits. C'est à l'observateur de recevoir le privilège de l'analyse. Polo ne le sait pas mais il fait ses premiers grand pas dans le monde des futurs adultes. Nous ne le savons pas non plus, nous le devinons à peine.

À travers un ensemble de situations intriquées, parfois sans chronologie aisément mesurable, aux enjeux aléatoirement importants, Polo et nous sommes ballotés, le cœur vaillant et la peau moite, d'une toute petite révolution intérieure à une autre.  Désir, mort, oubli, inconnu, tout y passe avec fluidité. Tony Sandoval ne s'attarde toutefois jamais. L'été passe, la vie passe et si l’expérience d'un homme se mesure à l'aune de ses actions, alors c'est qu'il faut les enchainer, les multiplier, s'en servir pour bâtir discrètement les fondations d’expériences plus ambitieuses. À travers deux intrigues parallèles, porteuses de mystères et d'interrogations, de tragédie et d'occulte, les fondations de l'humain se dressent patiemment.

Polo a beau s’avérer le personnage central, puisque tout tourne plus ou moins autour de lui et de ses perceptions,  il est loin de se révéler le personnage principal. On pourrait croire que Sophie, antagoniste brulante, pourrait incarner le rôle. Non plus. Le cadavre alors ? presque. Le personnage principal, c'est le désir. Le désir charnel balbutiant puis frontalement épanoui, le désir d'autre chose, le désir de vérité, le désir d'ailleurs. le désir d'éternité.

À travers un jeu de couleur étonnant et une cohabitation aléatoire de différents styles aux portées radicalement opposées, Tony brouille les pistes manichéennes d'une intrigue aux relents fantastiques troubles. Très insistant sur une sexualité débridée, il délaye encore un peu plus les conventions sociales au profit d'un parcours initiation métaphorique qui ne prend son sens que dans la radicalité de sa singularité.

Si tout ça vous tente, rendez-vous en boutique ou sur notre site de vente pour mettre la main sur les quelques exemplaires encore disponibles, soldés à 9€ au lieu de 17.

 
Jérémie dans les îles, une exclu Aaapoum
 

Il est beau, il est frais, il est exhumé des pages du magazine Pif, c'est Jérémie, le petit héros balloté par les flots de Paul Gillon !

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Jérémie dans les îles est une aventure de 160 planches parue dans Pif-gadget de 1968 à 1973. Un jeune mousse du nom de Jérémie, échoué sur une île giboyeuse suite au naufrage de son navire, y vit moultes aventures non désirées et échappe à mille dangers grâce à son agilité, sa vivacité et sa fougue. Tour à tour naïf et candide, livré à la beauté de la nature, et ravageur face à l'avilissement que représentent les hommes, Jérémie survivra à des pirates, des autochtones indélicats, des négriers et à bien d'autres périls qu'il faut garder secret. Bande dessinée d'aventure par excellence, cette saga touchera indifféremment enfants éclairés et adultes passionnés.

Les éditeurs (d'abord Dargaud puis les Humano) scindèrent la série en 4 albums et y ajoutèrent un élément impossible à faire figurer dans le Pif de l'époque: de la couleur. Jamais Jérémie ne se vit ensuite les honneurs d'une intégrale ni d'une édition expurgée d'une colorisation qui, quoi que fort appréciée de certains, affaiblissait la puissance du trait de Gillon. Il était grand temps d'y remédier ! La librairie Aaapoum Bapoum (soit nous-même), sous le label des éditions Aaapoum, s'attela ainsi à la tache.

Exit la couleur qui fait place à un élégant bleu et blanc, moins froid, plus apte à convoyer de la nostalgie et à aider le lecteur à se focaliser sur la force du trait et sur le travail des espaces. Exit aussi un quelconque dessin de couverture. Jérémie se veut paré d'un écrin et ne se révèle qu'au curieux prêt à y plonger le nez.

Les coins vigoureusement biseautés (innovation dans le monde de l'édition de bande dessinée) et la couverture texturée achèvent d'englober l'album dans une aura de collection de luxe. Pourtant, l'album se veut tout de même accessible au plus grand nombre et profitera pour ce faire d'un prix de 29€ tout à fait convenable, spécifiquement lorsqu'on se rappelle qu'il regroupe 4T.

Poursuivant la même idée, une couverture épaisse et protectrice mais souple adjointe à un papier fin et léger permettront une maniabilité bienvenue et éviteront d'en faire un livre-objet guindé. L'emphase se révèle véritablement mise sur la nostalgie et l'hommage au magazine Pif.

L'ouvrage est agrémenté d'un dossier de 16 pages révélant certaines volontés de l'auteur, retraçant sont parcours et explicitant ses intentions et son pointilleux travail graphique. De l'aveu de l'un des co-éditeurs:

En fait ce qui est intéressant avec Jeremie, c'est que Gillon cherche vraiment a se renouveler. Du coup, la forme est hyper pensée. Et comme c'est un dessinateur, c'est autour du dessin qu'il conçoit la forme de sa bande dessinée. C'est pas courant, c'est ça qu'on voulait montrer.

Nous voici donc en présence d'une édition complète de cette histoire, imprimée en seulement 500 exemplaires et uniquement disponible sur notre site web ou dans l'une de nos deux boutiques. Ne tardez pas trop à vous en saisir.

 
Dédicace Ryuko (Eldo Yoshimizu)
 

Mardi 31 janvier 2017, de 17h30 à 19h30 environ, nous recevrons le mangaka et artiste pluridisciplinaire Eldo Yoshimizu pour une petite séance de dédicace comme on les aime. On garde nos bonnes habitudes: un achat de Ryuko = un ticket numéroté = un dessin.

Ryuko, d'ailleurs... En avez vous entendu parler ? Vous a-t on transmis quelques étincelles de cette fureur graphique ? Vous en a-t on révélé un peu plus sur cette tourbillonnante histoire d'honneur, de guerre et de vengeance ? Vous a-t on conté ce foisonnant chaos, cette entrainante passion, ce bouillonnement visuel et narratif qu'est Ryuko ?

En attendant la dédicace, jetez un œil sur le site de l'auteur. Vous y trouverez notamment des illustrations couleurs de Ryuko à couper le souffle. Dans la même veine, le Lézard Noir a isolé quelques esquisses et planches de toute beauté. Initialement postées sur instagram, il faut impérativement les consulter. Enfin, passez voir notre event facebook. C'est là bas qu'on concentre toutes nos découvertes sur l'auteur et la série. Interviews, funfacts, tout ce que vous pourriez désirer.

F.A.Q.

-Que faire si je loupe mon numéro ?
On fait passer les tickets dans l'ordre mais si vous loupez l'annonce, on ne vous relègue pas à la fin, on vous intercale. Nous espérons ainsi faire disparaitre la sempiternelle file d'attente au profit d'un groupe fluctuant plus agréable entourant l'auteur.

-Que faire si j'ai déjà Ryuko ?
Racheter Ryuko ! On en a jamais assez, et puis ça s'offre bien. Plus sérieusement, il vous faudra acheter un autre album des éditions Lézard Noir au sein de la boutique et ça devrait aller. Précisez tout de même que votre achat est en lien avec la dédicace.

-Vous pouvez me réserver un ticket ?
Pas trop. Pas vraiment. Envoyez nous un mail (aaapoum@gmail.com) et on verra ce qu'on peut faire.

-On peut faire dédicacer autre chose ? Plusieurs albums ?
Autre chose oui, tant que vous avez votre petit ticket et que ça n'est pas un livre d'or de 2m²... Plusieurs volumes, ça dépendra de l'affluence mais généralement, les auteurs n'apposent que leur signature ou tampon sur les albums surnuméraires. Attendez-vous plutôt à ça.

 
Pelvis France
 

Les aléatoires mais constants arrivages de BD diverses sont pour les Aaapoumiens un délicat mélange de peine et de réjouissance. On pourrait y voir une subtile allégorie de la vie, une métaphore douce amère digne d'un long texte enflammé qui commencerait avec les lignes qui suivent. Ou on peut bifurquer et se concentrer sur les petits plaisirs. Ceux de la chair et du bon mot, notamment.

Elvifrance... Ha! Elvifrance! La joie de nous journées sans espoir. Le soleil de nos froides après-midi désertées par les clients.

Qui ne connait pas cette maison d'édition française, entièrement vouée à la gaudriole et au stupre italien en petit format de poche ? Dans les années 80, il est notoire qu'elle publiait jusqu'à 30 albums par mois. Invariablement érotiques et kitsch, les histoires zigzaguaient tout de même de thèmes en genres, proposant un panel très vaste d'ambiance.

Il y a toujours d'incroyables choses à se mettre sous la dent avec les productions Elvifrance. Les couvertures dans un premier temps, les histoires délicieusement abracadabrantesques dans un second. À ces sujets, nous ne sommes pas trop mal lotis. Les couvertures, par exemple, se baladent régulièrement sur la toile pour notre plus grande délectation. Du moins, elles restent ne serait-ce que vaguement à notre disposition grâce à quelques sites motivés.

Pourtant, ce qui fait la véritable beauté d'Elvifrance nous reste la plupart du temps caché. Ce qui nous impacte le plus, ce qui nous fait rire, nous marque, nous change, ce sont leurs slogans; ne le niez pas. Tous ces jeux de mots, cette gouaille et ces discours fendards à la limite de l'incohérence, personne n'en avait jusque la vraiment fait le catalogue. Personne ne les avait transmis. Personne ne les avait porté aux nues. Personne ne les avait partagé, raconté, chouchouté. Pourtant ils le méritent. Ils sont beau comme des camions, fin comme du beurre, elvifranchement marrants et peuvent maintenant se retrouver sur notre tumblr dédié !