Du Phénix à foison
 

Sauvés des cendres...

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Et non, ami des X-men, cette notule ne parle pas de la rouquine surpuissante qui meurt et ressussite sans arrêt ! Non, cette note revient sur une époque où la bande dessinée était encore à la recherche d'une légitimité culturelle, une époque où R. Crumb n'était pas encore prépublié dans

Télérama

et où les comics n'étaient pas encore l'ultime recours pour une industrie cinématographique décadente. En ce temps là il n'y avait pas des milliers de blogs et de sites pour s'informer et se former sur la genèse et les maîtres oubliés et l'actualité du neuvième art. L'érudition était alors l'affaire de cercles réduits d'intellectuels et d'amateurs qui devaient passer pour originaux. Le premier de ces cercles fut, en 1962, le CBD, Club des Bandes Dessinées (!), qui devint rapidement le CELEG (Cercle d'études des littératures d'exression graphique, oui môssieur), organisé autour de Francis Lacassin. Son intrument de propagande était la revue

Giff Wiff

, très orienté vers "l'âge d'or" de la BD américaine. De ce premier cercle émargea rapidement (1964) une scission plus européo-moderniste autour de la personnalité de Claude Moliterni, la SOCERLID (pfiuu ils avaient le chic pour les noms : Société civile d'étude et de recherche des littératures dessinées). Deux ans plus tard cette dissidence se dota elle aussi d'un organe de presse, la revue

Phénix

, liée aux éditions SERG, propriétaires de leur imprimerie, si j'ai bien compris. Cette revue présentait aussi bien des bandes dessinées en noir et blanc (Pratt, Buzzelli, Breccia, Druillet, Pichard mais aussi pléthore d'auteurs étasuniens), que des commentaires sur l'actualité bédéïque, des dossiers monographiques ou thématiques et des entretiens avec des créateurs. Elle était aussi le réceptacle des transcriptions des conférences données çà et là par les érudits membres de la SOCERLID (rejoints rapidement par le tout jeune spécialiste de l'undeground, Jean-Pierre Dionnet). Lorsque la revue s'arrête, l'année du punk en 1977, elle nous laisse 48 numéros à lire et à relire.

Tout ça pour vous dire que nous en avons récupérés de nombreux exemplaires, qu'ils sont plutôt rue Dante, qu'il y en a de très émouvants, d'autres très instructifs, que ces qualités se conjugent souvent, et qu'il y a même une collection complète à vendre d'un seul coup, vous pouvez la voir dans la vitrine, si vous passez dans le cinquième arrondissement.

Stéphane, pour info, j'ai stocké les doubles au sous-sol dans la bibliothèque près de la porte des ouatères. J'ai vendu pas mal de numéros hier, du coup il faudra peut-être que tu en remontes.

 
Rodéo, éditions LUG
 

C'est pas parce qu'on porte des pantalons en cuir...

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Puisque le plus durable des héros de westerns dessinés en Italie, Tex Willer, est un peu remis au goût des lecteurs français par les estimables efforts des éditions Clair de Lune, dont l'amour de la bédé populaire n'a d'égal que leur mépris des convenances orthographiques et grammaticales, c'est la bonne période pour vous annoncer que mon aimable camarade de jeu Stéphane a acheté pour la boutique (la peau des fesses, si vous voulez mon avis) un joli assortiment de la revue Rodéo. De vieux numéros (entre avril 1959 et octobre 1961) du mensuel mythique pour les amateurs de western que je n'hésite à poser à même le lino pour mieux les photographier.

Et non, je ne photographierai pas chaque couverture séparément, on est pas sur ebay, ici. L'occasion de lire ou de relire les aventures de Miki le ranger, de Rombo Bill, de Tex et de tant d'autres héros de la prairie.

Ce qui devrait intéresser un de mes plus anciens clients (en bientôt 8 ans il a du au moins dépenser 7 euros chez nous !), qui m'a dit, la première fois que je l'ai vu :

"J'aime les westerns et les armes à feu ! Mais attention hein : je suis pas pédé !".

 
L'éternaute tome 2
 

"Et le sol continuait à trembler

comme si aux alentours galopaient des géants."

En refermant ce deuxième tome de L'Éternaute vous êtes partagé entre deux sentiments : angoisse et émerveillement. Votre cœur est éprouvé par cette longue lecture qu'il vous a été impossible d'interrompre. Si vous avez commencé avant de vous coucher, la nuit est maintenant bien installée. La ville est silencieuse. Il va peut être se mettre à neiger. L'aube se lèvera-t-elle ? Sera-ce le dernier jour de l'humanité ?

Quel dommage que disparaisse une civilisation capable de produire de tels joyaux littéraires.

L'omniprésente voix-off — celle de Juan Salvo — vous aura entraîné aux confins de la peur dans le plus implacable des suspens. Tel le héros, pour échapper à la folie il vous aura fallu aller de l'avant. Juan Salvo,  (dont on ignore encore à ce stade du récit comment il en est venu à s'appeler "l'éternaute") n'a pas le temps de dormir : vous ne dormirez pas non plus.

Rares sont les récits de la bibliothèque du neuvième art qui possèdent cette capacité de dévorer leur lectorat. Oui, ce n'est pas le lecteur qui en avale les pages, c'est bien le livre qui mange le lecteur. Son univers déborde, Oesterheld et Solano López vous l'assènent avec constance et persuasion et, insidieusement, vous y êtes : à l'intérieur du livre, avec la neige fatale et les monstres. Ce qui est loin d'être rigolo mais d'une beauté mortelle, comme le disent les protagonistes dans le tome 1. Ce qui apparaissait, lors d'un feuilletage superficiel, côté texte, comme une abondance de récitatifs un peu désuète et, côté dessin, comme un sobriété un peu dépouillée se révèle être un redoutable arsenal de guerre narratif.

Ceux qui n'ont aucune idée de ce que peut bien raconter L'Éternaute, je  vais les renvoyer à ma chronique locale du tome 1. Ceux qui étaient des nôtres en janvier savent bien de quoi il retourne, mais seront certainement surpris par le rythme de ce deuxième tome. Si le premier contenait un huis-clos durable, cette suite est une avalanche de péripéties pourtant enchaînées avec logique et sans précipitation. À la 23e page vous serez tout simplement halluciné de constater qu'il vous en reste près d'une centaine d'ici à la quatrième de couverture et touché par tant de générosité feuilletoniste : dire qu'avec ces 23 pages un Corbeyran nous aurait vendu une multi-série sur 3 niveaux et ce bienveillant Joann nous aurait proposé un bottin...

Familliers de la version Breccia, sachez que vous entrer là en territoire complètement inconnu : rien de ce qui va se dérouler n'est évoqué dans les 8 dernières pages de la version 1969.

L'Éternaute, tome 2,

116 pages, noir et blanc. Couverture cartonnée.

24 €.

Parution jeudi 9 juillet 2009

Oui, vous avez bien lu. Amis du carton réjouissez-vous : c'est bien en HARD COVER comme disent les yankees, que paraît ce tome 2. C'est la faute à tous ces libraires de neuf qui ont chouiné que c'était fragile en broché, que ça se tenait pas... et patati et patata. Du coup 4€ de plus (ce qui reste tout de même très raisonnable). Pour l'occasion, le tome 1, dont le premier tirage est pratiquement épuisé, va lui aussi bénéficier d'une réédition cartonnée.

 
Korak, son of Tarzan of the Apes
 

oooooooioioiyooooooooooo !

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Je ne savais même pas que le fils de Tarzan avait eu une série spin-off.

Les couvertures de ces fascicules américains de la fin des années 70 sont superbes. Voilà du beau travail d'illustration ! Si j'étais au chômage je prendrais une bonne journée pour toutes les scanner et vous en faire un beau diaporama et fixer ces scénettes dans notre mémoire numérique et collective...

Mais comme j'ai encore un travail et que celui-ci consiste à vendre des illustrés démodés, je vais donc simplement et fort à propos les soumettre à la clientèle et non les archiver... 4 € le fascicule en très bon état et en anglais... 

Tarzan of the Apes, Korak son of Tarzan, nombreux numéros au choix dans la librairie de la rue Serpente.

 
T-Shirt à tirage limité
 

Habillé pour l'été

D'habitude on vend plutôt des livres, ou des illustrés pour la jeunesse. Plus rarement on vend des affiches. Mais chez nous personne n'aime les affiches au point de s'en occuper correctement, si bien que la plupart du temps, on casse des cadres et il y a du verre partout. Alors quand un de nos clients courtois m'a proposé d'accueillir quelques T-Shirts fabriqués par ses soins... Je me suis dit ah mais oui, c'est jeune ça les T-Shirts, et en plus... ça casse pas en mille morceaux quand ça tombe.

Il y a quand même un rapport avec la Bédé, puisque ces T-Shirts sont ornés d'un dessin sérigraphié tiré de la bande dessinée Le Grand Autre de Ludovic Debeurme (Cornélius). Même si nous avons toujours préféré Ludologie à ce Grand Autre, il faut bien reconnaître que le vêtement possède un certain cachet. Il n'en existe que 64 exemplaires, toutes tailles confondues. Il s'appelle "Si tu la touches, je te tue"... Patrick Batman en profite pour me glisser qu'il aurait préféré "Si tu la tues, je te touche", faisant là preuve une nouvelle fois de l'immensité de son mauvais esprit, qualité pour laquelle nous le choisîmes parmi 6 autres concurrents, mais ceci est évidemment une tout autre histoire.

Donc rappelons quelques qualités de l'objet :

Sérigraphie 2 passages

Plusieurs tailles disponibles

30 €.

Vous pouvez l'acheter chez nous, et vous pouvez l'acheter auprès des éditions Kpannou... Vous trouvez sur leur blog toutes les informations qui vous manqueraient...

 
Mandrake... Conan... Phantom...
 

Argh

Bonne surprise à Dante, pour le libraire de retour de vacances : des piles de vieux fascicules à trier, à estimer, à protéger, à ranger.

Editions des Remparts, Lug, Aredit...

A vue de nez y'en a pour trois jours de boulot, même si notre fidèle client Sébastien est en train de lui-même de m'aider à trier en attendant l'heure de sa dédicace.

Alors que les amateurs se le disent, tout titre acheté maintenant, avant emballage, est une épine de moins pour ma couronne, donc je suis gentil sur les prix...

Pour vous appâter, voici une succulente couverture de Mandrake, glanée dans la pile...

 
Gundam existe je l'ai vu
 

Par Stéphane

Travailler dans la vente a tendance à vous dépassionner. C’est triste mais c’est comme ça, les boulangers pâtissiers ne rêvent plus de bons gros gâteaux.

Parfois, néanmoins, un événement vous rattrape et fait rejaillir un élan de passion qu’on croyait évanoui. C’est fugace et enfantin, mais aussi très agréable. Ça m’est arrivé il y a quelques jours, assis devant la vidéo d’un Gundam de 18 mètres de haut, pivotant tête et dégorgeant fumée, les deux pieds bien plantés sur une verte pelouse tokyoïte.La vache. Je suivais ce projet un peu cocasse depuis son annonce, d’un œil amusé, voire même moqueur, imaginant les grands enfants immatures qui avaient réussi à convaincre des investisseurs à investir dans ce happening. Je regardais sur les blogs les photos qui jalonnaient les différentes étapes du projet et me gaussais intérieurement : « héhéhé, y’en a qui ne changeront jamais ».

Sauf que, avant-hier, ma bouche mastiquant un truc dont je ne me souviens plus la nature s’est arrêté à mon insu de mastiquer. Mes yeux se sont écarquillés et ma tête s’est penchée en avant. Des miettes ne sont pas tombées sur mes genou mais cela aurait pu, tant j’étais absorbé par ce spectacle redevenu, le temps que je retrouve mes esprits, exceptionnel.

Gundam donc, le robot géant que tous les amateurs d’animation japonaise connaissent, existe désormais. C’est le temps d’un été, à Tokyo, et ceux qui auront la chance d’assister à ce spectacle de visu, je les envie vraiment.

 
Dédicaces de maîtres
 

Autographes

En bons fanatiques de bande dessinée américaine, vous avez dû remarquer la campagne promotionnelle autour du film Coraline , le nouveau long métrage d’animation conjointement signé par Henry Sellick et Neil Gaiman. L’opportunisteAaapoubien que je suis, eut comme réflexe de penser: -formidable, un nouveau scénario de Gaiman, quelle meilleure occasion pour parler de nos nouvelles rentrées !

Actuellement, nous avons devant nos yeux émerveillés une dédicace du sieur Gaiman achevant de parfaire le remarquable titre qu’est Violent Cases. Même si notre ouvrage signé est en version originale, l’occasion de sentir la plume virtuose de Neil caresser le papier est trop belle, surtout pour 20€ !

    Plus précieux encore ; cette signature du génial Will Eisner venant enluminer un portfolio narratif fraîchement arrivé dans nos rayons. Dur de résister à ce témoignage historique si palpable de la bande dessinée américaine. Le port folio numéroté, titré City, est en anglais et s’échine à disséquer les bas-fonds crasseux des mégalopoles américaines.  Encore un must have, cette fois-ci concédé contrela raisonnable somme de 60€.

N'hésitez pas non plus à fouiller nos bacs de dédicaces qui se sont considérablement enrichis ces derniers temps!

 
Invasions
 

Donneurs de leçons venus de l'espace

On a reçu tellement de livres et on va tellement en recevoir, qu'on passe un grosse partie de nos journées de travail printanières à déballer des caisses et à en trier le contenu.

Nous sommes des excessifs. Si bien que j'ai passé une très mauvaise nuit peuplée de cauchemars sordides. J'étais un auto-esclave et des extra-terrestres envahissaient la Terre.

Malgré mes forces déclinantes (alors que j'étais censé être à moitié Wolverine, je n'arrivais même pas à tordre le cou à une zombie alien rencontrée dans un couloir), je parvenais à être dans le dernier carré des résistants. Au milieu de piles de livres, au moment de la reddition finale, je demande aux chefs des extra-terrestres, vêtus en simili-chevaliers teutoniques :

— M'enfin pourquoi vous êtes venus envahir la Terre ?

— Parce que cette planète est aussi mal gérée que votre librairie, me répond l'un d'eux du tac au tac.

 Vous avez compris que c'est le moment de venir farfouiller dans les piles qui dépassent des rayons. Inutile de venir demander d'un œil morne "alors quoi de neuf ?", il suffit de se baisser.